" Le 10 mai 1940, le surréalisme était descendu sur terre, pas l’œuvre des
poètes absurdes qui se prétendent tels et qui sont tout au plus des
sous-réalistes puisqu'il prônent le subconscient, mais l’œuvre consciente
du Christ, le seul poète du surréel. Il n'a jamais écrit une ligne. Il
agit. Et chacun en prenait pour son grade. Si jamais j'avais eu la foi,
c'est ce jour-là que j’aurais dû être touché par la grâce.
Feu, flammes, fumées. Bombes qui attisaient les incendies. Ponts, chemin
de fer, écluses sautaient, et sur les routes, les grandes armées alliées
qui s'avançaient dans le champ des moteurs et le casque fleuri et qui
devaient le soir même être couchées parmi les morts. Bruxelles et
Amsterdam se sauvaient en quatrième vitesse dans un crissement de pneus,
une féérie de fin du monde, sous un soleil implacable et par beau temps
fixe. Vision biblique, sans parler des pleurs muets des petits enfants
perdus dans la tourmente. Batailles perdues, morts, malades abandonnés
dans un hôpital qui brûlait, orphelins divagants, fous lâchés en liberté,
vaches qui beuglaient de douleur parce que personne ne venait les traire
dans les champs, essence qui pissait devant un garage dont le propriétaire
avait fui sans fermer le robinet dans sa hâte. C'était de l'hystérie. Le
soleil était arrêté.
Non, le 10 mai, l'homme n'était pas à la hauteur de l'événement. Dieu. Par
au-dessus, le ciel était comme un cul aux fesses luisantes et le soleil un
anus enflammé. Que pouvait-il sortir d'autre que de la merde ? Et l'homme
criait de peur. Mais Jésus l'a dit : "Ne comprenez-vous pas que tout ce
qui entre dans la bouche s'en va dans le ventre et est jeté aux lieux
secrets ?" "Ne comprenez-vous pas...?" demande Jésus. Et Baudelaire
déclare : "Tout est prière. Quand un démocrate chie, il dit qu'il prie" Et
c'est ainsi qu'en juin 40, sortant du Sacré-Coeur de Montmartre, où il
s'était rendu officiellement avec son gouvernement à la manque, un Paul
Reynaud, ce patron de la Sainte-Morve, pouvait déclarer toute honte bue,
mais deux chandelles lui coulant du nez : "Je crois au miracle !"
Blaise Cendrars, Le Lotissement du ciel, éd. Folio, p. 120
https://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Cendrars
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