Je vous ai déjà parlé du RSI dont j'ai beaucoup entendu parler au marché, et ailleurs. Et dont j'ai lu les pratiques honteuses sur un blog en ligne ici et ailleurs
http://grincheux.de-charybde-en-scylla.fr/?p=782&more=1&c=1&tb=1&pb=1
Hier soir, le hasard a fait que, ayant fini un livre, j'aie cliqué sur la zapette et sois tombé sur "Zone Interdite" sur M6.
Le RSI y était au déshonneur. Macron nous fait du cinéma avec le travail le dimanche (bien des commerces alimentaires sont ouverts le dimanche matin, sans qu'on en fasse des tonnes). Mais se garde bien de nous parler du RSI ou du Conseil Economique et Social et ... Environnemental. Le Sarko qui devait honorer le travail n'a pas touché à ce Conseil. Il faut bien assurer sa basse Cour.
Les plaçous, les plaçous !
J'ai aussi appris hier soir combien touchaient les privilégiés d'un plaçou dans ce conseil qui s'est répandu sur la France comme la vérole sur le bas clergé breton. Et dire que des gens passent l'agrégation ! sont vraiment cons. Le RSI sert à faire tomber de petits entrepreneurs, le Conseil Machin Truc sert à placer les copains de tous horizons. Il y a des jeunes et des moins jeunes. Ça roupille sec, ça sèche plus que sur les bancs des collèges et lycées. Il est vrai qu'à deux séances par mois à plus de 3000 euros, on ne peut pas exiger plus. Mais ça paye ! ça ne sert à rien. Mais ça paye Ah si ! quand j'ai fait la queue pour entrer au musée Guimet, chaque fois j'ai pu voir les traiteurs alimenter ce palais de la république généreuse et tendre. Des traiteurs assujettis au RSI !
Les plaçous le plaçous !
Sur le RSI, ce qu'écrit la journaliste de M6 :
"La partie la plus importante du documentaire est consacrée au RSI. C’est l’organisme qui s’occupe de la couverture sociale des travailleurs indépendants, des artisans et des commerçants notamment, mais aussi des professions libérales et des auto-entrepreneurs.
Le RSI est moins connu que Pôle emploi ou la CAF, mais près d’un Français sur dix y est affilié. Et parmi eux, j’ai rencontré beaucoup d’assurés qui se plaignaient des dysfonctionnements de cet organisme.
Mon enquête est partie de leurs témoignages mais aussi de ceux d’anciens salariés qui m’ont raconté des anecdotes que je n’ai d’abord pas crues. Ils m’affirmaient que, dans certains centres d’appels mis en place pour répondre aux demandes des assurés, les nouveaux conseillers n’avaient qu’un jour et demi de formation, que l’objectif était la rentabilité et non l’efficacité…
J’ai fait une demande de tournage au RSI puis chez un de leur sous-traitants. J’ai pu filmer une plate-forme téléphonique au sein d’une caisse RSI mais pas l’entreprise sous-traitante. Pour mener mon enquête, je n’ai eu d’autre choix que de m’y faire embaucher en tant que télé-conseillère.
Infiltrée, j’étais sous le choc
Non seulement tout ce que m’avait raconté les anciens salariés s’est vérifié, mais j’ai découvert d’autres pratiques encore plus choquantes…
Dès le premier jour, on m’a dit très clairement que le but était de prendre le plus d’appels. L’objectif, c’est environ 13 par heure, soit environ 3 minutes 30 par communication. J’ai vite compris que c’était très difficile de tenir ces temps d’appels.
Une fois que l’on demande à l’assuré son nom, son numéro de sécurité sociale, ses coordonnées et que l’on retrouve son dossier, il ne reste souvent qu’une minute et demie pour répondre à sa demande, parfois complexe. Autant dire mission impossible.
Pour pousser les employés à répondre au maximum d’appels, toutes les semaines un classement des meilleures "performances" est affiché au mur avec le nombre d’appels par employé et son temps moyen de communication.
On le voit bien dans le documentaire, les superviseurs de la plateforme incitent à abréger les conversations et à transmettre directement les demandes à des "gestionnaires de compte". Sauf que je me suis aperçue que ces demandes mettent souvent beaucoup de temps à être réellement traitées.
J’espère que ce n’est pas partout pareil
Nous étions environ dix nouveaux, tous choqués par ces méthodes. Beaucoup ne savaient pas quoi répondre aux affiliés et s’étonnaient à la fois du manque de formation et de notre impuissance.
Quand quelqu’un nous demandait à être remboursé de sommes qu’il n’aurait pas dû payer, nous ne pouvions strictement rien faire si ce n’est transmettre sa demande au gestionnaire de compte… Or, au bout du fil, personne ne comprend pourquoi on ne peut pas les aider puisque nous sommes censés répondre à leurs demandes…
Certains anciens nous conseillaient de passer outre notre malaise, qu’on n’avait pas le choix si on voulait rester dans l’entreprise. Certains étaient complètement désabusés.
Évidemment, mon propos n’est pas de dire que la situation est la même dans tous les services administratifs. Il s’agit là d’une entreprise sous-traitante et toutes les administrations, je l’espère, n’ont pas les mêmes pratiques pour répondre aux demandes des administrés. "
P.S.1
J'aurais préféré que l'intitulé du reportage soit "Le RSI et le CESE". Une grande partie de l'Administration (comme l'Administration Municipale par exemple, dans le premier reportage) subit la "Grande Administration".
Ce qui est fort inquiétant dans notre pays c'est le fait que nos élus au Parlement*, qui sont censés faire et voter la loi, semblent hors circuit. Dorment-ils eux aussi ? N'ont-ils pas les moyens de faire leur travail (alors, virer les crédits du Conseil Théodule et des Conseils régionaux théodules aux Assemblées) ?
Il faut qu'ils fréquentent les marchés et pas seulement en période électorale !
P.S.2
J'ai cité sur ce blog notre François qui au sujet de la Corrèze disait ne pas être pour les plaçous. Ohé François, au boulot. Tu as quitté la Corrèze, tu es maintenant à Paris, la Grande Administration, est à quelques pas de chez toi. Et tu dois bien y avoir quelques copains de promo de l'ENA. Tu n'as pas dû tous les siphonner à l'Elysée.
"Depuis 5 ans, je suis confronté au harcèlement aveugle du R.S.I. Il argumente qu'il applique la Loi et que nous devons nous adresser aux parlementaires pour la corriger. j'ai donc écrit à tous les membres de la commission des Affaires Sociales à l'Assemblée Nationale, sans aucune réponse ni même accusé de réception. et ils prétendent représenter les citoyens..."
P.S. 3
Qu'il soit bien clair que :
- il nous faut une Administration (avec un E, comme un Etat) de qualité.
- dans son immense majorité le peuple des employés de l'Administration fait bien son travail. Elle applique les règles, elle applique la Loi. Elle ne fait pas la loi. Elle ne rédige pas les règles. C'est une minorité qui rédige les règles.
- nos rédacteurs de règles n'ont que TRES rarement exécuté sur le terrain les règles qu'ils rédigent. La démarche scientifique leur est trop souvent inconnue. Leur carrière fait qu'ils ne sont plus là quand il est possible de voir ce qu'ont donné ces règles sur le terrain (et c'est aussi le cas des directeurs de services publics que le terrain !). Avez-vous vu un rédacteur de règles (maintenant on dit "normes") poursuivi devant un tribunal ? un maire (et c'est aussi l'Administration) Oui.
Ce qui est inquiétant c'est que nous avons souvent des députés-maires, des sénateurs-maires. Ce double mandat devrait nous éviter bien des soucis. Or ...
- l'hypocrisie actuelle qui fait que des "services publics" fassent faire le boulot à des boîtes privées où des gens, bien loin du statut de la fonction publique, sont contraints s'ils veulent manger, de pratiquer le déni de service public, est une honte de l'Administration.
- les Conseils d'Administration remplis de représentants syndicaux ne sont d'aucune garantie. On commence à le savoir.Triste mais c'est ainsi. Picabia a dit que "les chefs ont toujours de mauvaises manières". Quis custodiet ipsos custodes?